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03 mars 2017

Scandale Mehdi Meklat : la piteuse mise au point de Télérama

nouvelles du front,polémique,tweets injurieux,télérama,scandale,complaisance,aveuglement,déni,rebelles subventionnés,abus,presse,télé,la grande librairie,le monde,les inrockuptibles,fondation cartier,mehdi meklatSi je reviens sur le scandale Meklat, ce n’est pas par intérêt pour la personnalité négligeable de cet individu, de cette créature (non, le terme est encore trop noble) disons plutôt de ce produit fabriqué par la gauche culturelle. C’est parce que cette lamentable affaire permet de lever un coin du voile qui permet à cette gauche de persister et de signer dans son aveuglement face au péril.

C’est par exemple sous la signature d’une rédactrice de Télérama que le lectorat de ce programme télé a dû cette semaine se contenter d’un articulet digne d’un  numéro d’équilibriste en guise de mise au point.

L’affaire est si embarrassante pour ce temple de la pensée édifiante et de la morale politiquement correcte qu’est devenu Télérama (Meklat était en couverture en octobre 2015 !) que la notule a été judicieusement mise en page, de manière à ce qu’elle puisse être lue par ceux qui avaient le mauvais goût d’attendre des explications et zappée par ceux qui veulent à tout prix « passer à autre chose » selon l’expression à la mode dès qu’une vérité les dérange.

Le texte de cet article discrètement maquetté page 15 pour ne pas être vu est quant à lui d’une tartufferie qui prêterait à rire s’il y avait encore de quoi.

On y découvre Meklat en « jeune homme talentueux, journaliste, réalisateur et coauteur » (rien que ça à vingt et quelques années à peine) tourmenté par son horrifique doublure, l’abominable Marcelin Deschamps. Voilà pour le côté docteur Jekyll et Mister Hyde.

Entrent alors en scène « ceux qui depuis longtemps ont fait une cible de cet ancien Kid de France Inter et qui se frottent les mains » . Je frémis d’horreur à l’idée de ces mains crochues qui se frottent dans l’ombre ! La talentueuse rédactrice nous suggérerait-elle que ces mains sont sans doute prolongées par des gros bras de mâles blancs de plus de 45 ans (*) qui ont caché des brassards à croix gammée dans les tiroirs de leurs buffets de salle à manger ?

L’homme que je suis, celui qui a  largement dépassé cet âge, qui ne collectionne pas ce genre d’objet et qui ne se frotte pas les mains d’une aussi désolante affaire apprend alors dans cette prose navrée qu’il y a « les autres » (dont je ne fais pas partie non plus) , ceux qu’elle appelle « les sidérés » à qui « Mehdi Meklat devra à l’avenir confirmer qu’il est bien l’auteur sensible au monde et à ses prochains qui transparaît dans son œuvre. » (!) Eh oui, son œuvre, rien que ça !

Est-ce à dire qu’à son retour d’exil, quand il se sera refait une virginité médiatique à la faveur de notre fabuleuse capacité à « passer à autre chose » , Meklat retrouvera un éditeur pour lui payer de nouveau des résidences à Los Angelès ou à Istanbul afin de nous pondre d’autres de ces belles histoires qu’aiment tant la presse bobo et post-soixante-huitarde ? C’est ce que sous-entend la rédactrice.

nouvelles du front,polémique,tweets injurieux,télérama,scandale,complaisance,aveuglement,déni,rebelles subventionnés,abus,presse,télé,la grande librairie,le monde,les inrockuptibles,fondation cartier,mehdi meklatAvec une nouvelle couverture de Télérama ? Comme le souligne Alain Finkielkraut, les leçons de cette épisode risquent bien de n’être pas tirées.     

Il faut dire que les grands moyens ont été employés pour qu’on puisse parler d’« œuvre » à propos des écrits de commande d’un ado attardé à l’époque où ses éditeurs l’ont envoyé plancher avec son copain aux USA et en Turquie. La Fondation Cartier a mis aussi le paquet. C’est là qu’il faut regarder si l’on veut analyser et expliquer le scandale Mehdi Meklat.

Les gens comme moi, nous sommes shootés à l’air pur de nos provinces, nous manquons de nez pour flairer les miasmes. Nous respirons trop haut. Dans ce genre d’affaire, notre erreur est de nous positionner sur le terrain des idées alors que tout se joue beaucoup plus bêtement, sur le terrain du commerce, même pas celui de la gauche culturelle saumon fumé mais bien celui de la gauche culturelle caviar, celle qui vend de la culture industrielle « bancable » .

C’est dans ce fatras paraculturel de luxe clinquant pour drugstores branchouilles qu’on trouve ainsi du produit rap, du produit banlieues, du produit rebelle et bien sûr du produit Meklat, du livre d’élevage, du livre calibré et toutes sortes d’« œuvres » préfabriquées puis déversées à grands coups de subventions publiques et de médias en attente de retour sur investissement.

Et hélas, si peu de monde pour se demander un seul instant comment on peut parler d’« œuvre » pour qualifier la morve et la schizophrénie d’une de ces multiples petites frappes que les héritiers des nouveaux riches et des parvenus de la culture envoient sur les plateaux de télévision, dans les studios radiophoniques et en résidence dans les centres culturels, les médiathèques et les collèges de province pour faire prendre à leurs publics conquis d’avance les vessies de la démagogie, du pur business et du prêt à penser pour les lanternes de la culture avec l’onction financière des Drac et autres usines à gaz d’un système devenu fou.

Mais le plus pathétique, à mon sens, est le silence gêné et assourdissant sur ce genre d’affaire d’un grand nombre d’auteurs que je connais et qui courent après 100 petits euros pour une lecture ou un atelier d’écriture. De quoi ont-ils peur ? D’être grillés dans Télérama, Le Monde, les Inrockuptibles, La Grande librairie, France Inter, France Culture ? Et alors ? De toute façon, ces médias les ignoreront toujours, ce qui n’est plus vraiment grave puisque ces organes de presse sont de moins en moins prescripteurs en ce qui concerne les ventes de livres.

Oui, comme tout cela est piteux, si peu « jubilatoire » pour citer l’adjectif préféré de Télérama. Certains me demandent pourquoi je reste abonné. Eh bien, désormais, pour savoir comment pense l’ennemi.

(*) Je fais ici allusion à une ancienne couverture de Télérama où une jeune cinéaste dont j’ai oublié le nom déclarait « j’en ai assez du cinéma fait par des hommes blancs de plus de 45 ans. »
La démangeaison du désabonnement m’était aussi venue à la lecture d’un entretien avec Abd al Malik (encore un rappeur slameur) dont les propos à l’encontre de Charlie Hebdo et de la liberté d’expression m’avaient révolté.
Il y eut aussi dans la période de Noël 2016 la diffusion d’une publicité de l’association Aides que certains jugèrent obscène mais qui me choqua quant à moi pour une autre raison : elle véhiculait à mon avis un message idéologique ethnique extrêmement biaisé, ambigu et malsain.

 

23 février 2017

Scandale Mehdi Meklat : c’est pas moi, c’est mon double maléfique !

nouvelles du front,polémique,tweets injurieux,mehdi mecklat,télérama,scandale,complaisance,aveuglement,déni,rebelles subventionnés,abus,presse,télé,la grande librairie,le monde,les inrockuptibles,fondation cartierLa vraie question que pose le scandale des tweets homophobes, antisémites, misogynes, injurieux et faisant l’apologie du terrorisme tenus sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps par Mehdi Meklat dépasse largement la personnalité négligeable de cet individu ridiculement adoubé journaliste, écrivain et chroniqueur par des médias soumis et complaisants.

Piteusement, le magazine Télérama qui l’a mis en Une en octobre 2015 va jusqu’à publier sur la toile un entretien dans lequel ce manipulateur à double casquette est encore pris avec des pincettes (« Maladroitement et, semble-t-il, sincèrement, il plaide le “double de fiction” » peut-on lire sous la plume de l’auteur de l’entretien). Dur pour un de ces sanctuaires du politiquement correct qu’est Télérama de reconnaître qu’on s’est fait rouler dans la farine ! Et ce n’est pas la première fois ! 

Mais laissons cette presse à sa fatigue, à ses certitudes, à son vieillissement et à sa déconnexion d’avec le réel d’une époque qu’elle ne comprend plus.

Reprenons de la hauteur. La question est de comprendre pourquoi et comment une grande partie de l’opinion d’un pays comme la France en vient à se détester elle-même au point d’encenser ceux qui lui crachent leur venin à la figure avec la complicité de médias d’envergure nationale, internationale et d’une prestigieuse fondation privée.

Il apparaît clairement depuis des années que l’idéologie mortifère ainsi véhiculée prend les structures et les réseaux culturels en place aux niveaux national, régional et local comme vecteurs privilégiés.

Lorsque des lanceurs d’alertes se montrent vigilants, des affaires du même genre sont portées à la connaissance du grand public mais très souvent, hélas, les petits soldats des entreprises de sape agissant en rebelles subventionnés instillent lentement mais sûrement leur poison en toute impunité.

Pour un Meklat démasqué et, espérons-le, définitivement grillé dans les milieux de la culture et des médias, combien d’autres en action ou en embuscade ?

Leur arme : le double langage. Leur logistique : les subventions publiques. Leurs complices : les frustrés, mécontents, déçus, et contempteurs de la culture occidentale. Leurs cibles : les vieux gauchos encore en deuil de leur impossible Grand Soir et les jeunes bobos bavassant à l’auberge espagnole de Nuit Debout. Leur défense lorsqu’ils sont confondus : la position victimaire.

Meklat excelle dans cette dernière posture dans ses abracadabrantes tentatives de justification. L’homophobie, l’antisémitisme, la misogynie, l’injure, l’appel à la violence et au terrorisme, ce n’est pas lui, Mehdi Meklat, mais celui qu’il appelle son double maléfique de fiction, Marcelin Deschamps !

Nous noterons au passage que dans le sordide petit théâtre qu’est l’esprit schizophrénique de cet individu, le rôle du méchant est dévolu à un double affublé d’un nom et d’un prénom bien franchouillards !

Quant au gentil abrité par le même corps, on nous dit qu’il est parti loin de la France pour penser, réfléchir. Eh bien qu’il prenne son temps et qu’il médite en particulier sur ce que sait tout véritable écrivain : les écrits restent et parfois, celles et ceux qui les lisent ont de la mémoire...

 

13 février 2017

Du revenu universel

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Je suis souvent déçu par les positions caricaturales ou tout au moins rigides des détracteurs de cette idée qui ne fournit certes pas la solution miracle à tous les problèmes d’exclusion et de pauvreté mais qui a le mérite de mettre en question l’obligation de travailler dans une organisation socio-économique qui ne peut plus fournir à chacun la possibilité de se conformer à cette obligation.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la lutte contre le chômage a inexorablement échoué (pour peu qu’on croie vraiment à l’hypothèse selon laquelle il serait dans l’intérêt des gouvernants et des entrepreneurs que le chômage disparaisse).

L’idée du revenu universel attribué sans condition dépasse largement le cadre de la problématique du chômage de masse, de l’accès et du retour à l’emploi.

L’impossibilité de trouver, de conserver ou de retrouver un emploi ont depuis longtemps et surtout de nos jours pour origine des causes qui ne se limitent pas à l’offre et à la demande sur le marché du travail et au manque de qualification.

Tout le monde sait désormais que des populations entières ne trouveront ou ne retrouveront jamais de travail dans le système actuel. Aucun signe n’annonçant pour le moment un changement de ce système, l’instauration d’un revenu universel que je préfère quant à moi nommer un revenu de base ou d’urgence est donc d’actualité. Il y va de notre sécurité.

La question n’est même plus de se demander s’il faut être pour ou contre cette mesure de salut public mais de savoir au plus vite quand elle sera mise en œuvre, quelle formule sera retenue et comment elle sera financée.


L’hebdomadaire Le Un n°139 daté du mercredi 25 janvier 2017 donne, outre des analyses et des opinons contradictoires, d’intéressantes pistes de réflexion, notamment à propos du financement.

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L’économiste Daniel Cohen se dit « favorable à un revenu soumis à une condition de ressources » . Il précise que « des chercheurs de l’Institut des Politiques Publiques (IPP) de l’École d’économie de Paris sont partis de l’idée d’une fusion de l’aide personnalisée au logement (APL) avec le RSA. Cela permettrait de verser 624 euros par mois à un célibataire gagnant moins de 2000 euros. Cette mesure s’appliquerait sans aucun coût additionnel » .

Je ne cite que cet exemple parmi d’autres pour montrer que l’attribution d’un revenu de base fonctionnant comme un filet de sécurité empêchant de tomber dans la grande pauvreté n’a rien d’irréaliste.

L’idée demande juste à être examinée avec objectivité et lucidité, en dehors de tous les à-priori, préjugés et clichés moraux qui affectent la manière de penser ce qu’on appelle « la valeur travail » , comme si le travail était une valeur alors qu’il n’est qu’un moyen au service de valeurs.   

Je n'ai aucune compétence en économie mais je fais confiance aux économistes qui nous ont toujours habitués à des montages très audacieux mettant en jeu des budgets beaucoup plus considérables que ceux permettant de boucler le revenu de base ! Différentes options sont à l'étude, toutes n'ont pas le même coût pharaonique qu'on nous objecte sans cesse.

Ce que je trouve intéressant dans le revenu universel, c'est le filet de sécurité qu'il pourrait offrir. Il favoriserait l'initiative et la créativité, deux choses hors de portée si l'on commence chaque journée, chaque semaine, chaque mois avec la peur permanente de boire le bouillon.

Dans la société d'aujourd'hui, on ne peut rien assurer d'autre que la survie au jour le jour si l'on est essentiellement limité par la satisfaction (d'ailleurs de plus en plus problématique) des besoins primaires.

Je connais beaucoup de gens qui ont de réels talents dans des domaines très différents mais qui n'ont aucun moyen de tenter de les mettre en pratique parce qu'ils n'ont pas ce filet de sécurité. C'est un gâchis humain tant pour l'individu que pour la société.

Et en parlant de gâchis, je suis frappé par ce constat du philosophe Gaspard Koenig dans le journal Le Un : « Il n’est pas admissible qu’il y ait 90 milliards de dépenses sociales en France et des gens qui n’ont rien à manger. »

L’option qu’il retient est de « donner à chacun un revenu mensuel, de la naissance à la mort, sous forme de crédit d’impôt. » Et d’ajouter que cela changerait tout dans la vie des gens « qui perdent un temps fou à effectuer des démarches, sont dans une peur constante de l’administration et craignent de perdre leurs allocations. Ils échapperont à cette bureaucratie sociale humiliante pour les allocataires. »

Je partage entièrement cet avis.

Avec l’attribution d’une allocation de base sans condition qui se déclencherait dès qu’une personne se retrouverait au-dessous d’un seuil de revenu à définir, on supprimerait une grande part de ces contextes mortifères et on redonnerait une capacité d’initiative à ceux qui veulent rebondir.

En ce qui me concerne, je vais même encore plus loin dans ce raisonnement.

J’ai passé toute ma vie professionnelle dans des emplois détestés, journaliste entre autres, où j’allais au travail à reculons avec pour seuls horizons le week-end, les vacances et le jour de la paye.

À ceux qui parlent de dignité personnelle, d’intégration à la collectivité et d’utilité sociale par le travail, je réponds que je ne vois pas ce qu’on peut apporter de positif à la société et à soi-même quand on est coincé dans un état d’esprit pareil.

Quant à cette fameuse « valeur travail » dont des moralistes d'un autre âge souvent doublés de bons gros rentiers nous rebattent les oreilles, sa cote est toute relative lorsque je peux par exemple considérer que je travaille beaucoup plus en écrivant un roman ou un essai sans bénéfice financier qu’en  m’impliquant au minimum dans un emploi salarié subi.

Si le revenu de base avait existé, je n’aurais pas perdu ma vie à la gagner et j’aurais pu consacrer mon énergie et mon travail à écrire, donc à être créatif, au lieu de me disperser, de me débattre et de stagner dans des emplois alimentaires où j’étais moyen ou carrément mauvais.

Je suis bien conscient que la société n’a aucun besoin de mes dispositions pour l’écriture et de mes livres. Mais avait-elle plus besoin du mercenaire que j’étais à l’époque où je n’avais pas la chance, comme c’est le cas désormais depuis des années, de me consacrer entièrement à l’écriture ? Bien sûr que non.

En m’appuyant sur un revenu de base, j’aurais pu renforcer ce que j’avais de fort au lieu de m’épuiser en pure perte à essayer avec peine de me maintenir dans la médiocrité professionnelle, ce qui au bout du compte fut aussi préjudiciable pour moi que pour la société.

C’est pourquoi je suis persuadé que le revenu de base constituerait non seulement une réponse forte à l’urgence de la lutte contre la grande précarité mais encore une dynamique considérable pour la libération d’initiatives et de talents aujourd’hui complètement bridés par l’obsession paradoxale de s’intégrer, de se maintenir et de durer dans une organisation du travail et de l’emploi devenue une machine à exclure.